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Coups de cœur mangas

Ces derniers temps, je suis en pleine phase mangas et animes japonais. J’ai une envie grandissante de découvrir de nouvelles séries, que ce soit en livre ou à l’écran. Mais par quoi commencer ? Face à une offre éditoriale titanesque, il y a de quoi être un peu perdu. J’ai donc puisé l’inspiration dans les vidéos de recommandations de Bulledop (booktubeuse et streameuse sur Twitch) et Sita Croque Tout (autrice-illustratrice et youtubeuse), sans oublier les conseils de mes amies lectrices de mangas (coucou Emilie et Sandy !).
J’ai lu des séries très différentes et j’en ai retenu trois à vous présenter.

Au menu : une romance adolescente, de la magie et une histoire de trentenaires célibataires à Tokyo !

C’est parti pour un tour d’horizon de mes coups de cœur mangas du moment.

Jardin secret

Ammitsu, éditions Kana (10 tomes, série finie)

On commence avec un shojo publié aux éditions Kana : Jardin secret, écrit et dessiné par Ammitsu.

Résumé 

Aux yeux des autres, Ran est la jeune fille parfaite : sportive, douée à l’école, attentionnée, belle… Surnommée la « fine fleur du lycée » en référence à son goût pour les plantes, elle est jugée inaccessible par tous ses camarades du lycée qui n’osent pas l’approcher. Tous, sauf Akira, un jeune garçon sociable et lumineux. Par hasard, la jeune fille découvre qu’il est fils de fleuriste, un fait qu’il préfère cacher de peur d’être moqué au lycée comme il l’a été dans son enfance. Akira va alors s’ouvrir à Ran et partager avec elle sa connaissance des fleurs. Cette passion commune rapproche les deux lycéens et c’est le début d’une histoire d’amour aussi douce que sensible.

Une romance fraîche comme un bouquet de fleurs

Je me suis plongée avec plaisir dans cette série fraiche et légère, parfaite pour le printemps ! On y retrouve les ingrédients phares de la romance adolescente mais avec une vraie attention portée aux personnages et à leur évolution. J’aime particulièrement le personnage d’Akira qui, au contact de Ran, assume son envie de devenir fleuriste et laisse ainsi s’exprimer sa sensibilité sans que cela soit traité comme des attributs dits « féminins » dans le manga. Il connait par exemple le langage des fleurs, ce qui sert d’ailleurs de fil rouge au récit : chaque chapitre correspond à une plante différente et on voit ainsi évoluer les sentiments des héros à travers ce langage fleuri.

Au niveau du dessin, j’aime beaucoup le style délicat d’Ammitsu. Son trait fin et précis magnifie aussi bien les expressions des personnages que les fleurs qui sont toujours reproduites avec beaucoup de détails réalistes.

La mangaka porte un regard très tendre sur ses personnages ce qui les rend aussi attachants l’un que l’autre. Le ton de Jardin Secret est résolument doux et optimiste, un brin naïf mais c’est cela qui fait son charme. Même si je me serais bien passée de certains stéréotypes (en particulier une horrible scène d’épreuve « sportive » dans le tome 1 ou 2, où les filles doivent courir en talons, affublées de robes de princesses, avant de finir la course dans les bras des garçons habillés en preux chevaliers…oui oui, au secours !), ce manga évite les gros clichés nauséabonds et parvient à embarquer le lecteur dans cette histoire d’amour d’une mignonnerie absolue. Oui, c’est plein de bons sentiments, mais franchement ça fait du bien de temps en temps !

Tokyo Tarareba Girls

Akiko Higashimura, Le Lézard Noir, (7 tomes, en cours)

On poursuit avec un josei, c’est-à-dire un manga à destination d’un public adulte, plutôt féminin (même si ça peut bien entendu intéresser beaucoup d’hommes !) : Tokyo Tarareba Girls d’Akiko Higashimura, également adapté en série à succès au Japon.

Résumé 

Lorsqu’elles ont besoin de déballer leurs problèmes amoureux ou leurs galères de boulot, Rinko, Koyuki et Kaori se retrouvent au Bon Buveur. Dans ce bar de quartier, les trois trentenaires tokyoïtes, amies depuis l’université, boivent comme des trous et enchainent les plats de foie de morue tout en se plaignant de ne pas avoir encore rencontrer l’homme de leur vie.

Pour Rinko, scénariste de séries web à petit budget, il est temps de prendre les choses en main : elle doit se marier avant les JO de Tokyo de 2020* ! Un soir, Key, un jeune homme aussi hautain que séduisant, débarque dans le bar et rabaisse les trois amies en leur montrant à quel point il les trouve pathétiques avec leurs discours de vieilles mégères qui noient leurs problèmes dans l’alcool. Outrées, Rinko, Koyuki et Kaori ne se laissent pas faire mais les mots de l’odieux Key les ébranlent plus qu’elles n’aimeraient l’avouer… Et s’il avait raison ?

*L’histoire se déroule en 2014, date de sortie du premier tome au Japon.

Une série qui ne mâche pas ses mots

Avec un humour féroce et piquant, la mangaka Akiko Higashimura dépeint le quotidien et les déboires de ses héroïnes. Elle n’hésite pas à souligner les travers de ses personnages féminins et à les mettre dans des situations aussi gênantes que ridicules, ce qui les rend réalistes et très attachantes. Ce que j’aime dans Tokyo Tarareba Girls, c’est son ton cru, désabusé et très sarcastique que je n’avais jamais lu ailleurs.

Mais sous ses airs de comédie qui peut rappeler Sex & The City, cette série aborde des thèmes de société très forts. Les pressions sociales qui pèsent sur les femmes, en particulier après trente ans, sont au cœur de ce manga.

Au Japon encore plus qu’ailleurs, la question du mariage est primordiale : passée la trentaine, il est admis qu’une femme doit vite se trouver un mari et fonder une famille pour « réussir sa vie », quitte à délaisser son travail et son indépendance. Dans Tokyo Tarareba Girls, Rinko et ses amies sont sans cesse ramenées à leur âge. À 33 ans, on leur fait comprendre qu’elles seront bientôt « périmées », remplacées par des femmes plus jeunes et plus pimpantes, que ce soit au travail ou en amour. Les personnages subissent ces injonctions et pourtant, elles y contribuent aussi en voulant à tout prix se marier avant les JO de 2020 (on retrouve ici l’idée d’une « date de péremption »…).

Rinko, en pleine écriture de scenario

Higashimura montre ainsi très bien l’ambivalence de la société japonaise qui oscille constamment entre conservatisme et émancipation, en particulier en ce qui concerne les relations femmes-hommes. Le manga aborde aussi plein d’autres sujets intéressants, notamment la question de la création à travers le travail de scénariste de Rinko.

Bref, Tokyo Tarareba Girls c’est intelligent et c’est à mourir de rire, alors je n’ai qu’un conseil : foncez !

L’Atelier des Sorciers

Kamome Shirahama, Pika (9 tomes, en cours)

Terminons par un GROS coup de cœur : L’Atelier des Sorciers, écrit et dessiné par Kamome Shirahama.

Résumé 

Coco est une petite fille passionnée de magie et ne rêve que d’une chose : être une sorcière. Mais, comme chacun sait, la magie est un don. On naît sorcier, on ne le devient pas. En tout cas, c’est que Coco croyait…

Alors qu’elle travaille avec sa mère dans leur atelier de couture, la petite fille fait une rencontre qui va changer sa vie : celle de Maître Kieffrey, un sorcier qui l’impressionne au plus haut point. La petite fille ne peut réfréner sa curiosité et observe en cachette le maître jeter un sort, alors qu’il lui avait formellement interdit de regarder. Elle découvre alors le secret le mieux gardé des sorciers : pour lancer un sort, ils dessinent des pentacles avec une encre spéciale. L’enfant comprend qu’il ne s’agit pas d’un don inné, mais bien d’un art, d’une pratique que n’importe quel humain peut apprendre et maîtriser.

Maintenant que Coco a percé le secret, Kieffrey décide de la prendre sous son aile. C’est ainsi que la petite fille réalise son rêve et intègre l’atelier de Maître Kieffrey. Elle y rencontre trois autres apprenties, Tetia, Trice et Agathe, et s’embarque dans une aventure rocambolesque où la magie révèle toute sa splendeur mais aussi ses parts d’ombre…

Maître Kieffrey, spécialiste de la magie de l’eau.

Un univers merveilleux qu’on ne veut plus quitter

Je crois que ce qui m’a séduit en premier dans L’Atelier des Sorciers, c’est son univers graphique. Les planches de Kamome Shirahama sont époustouflantes de finesse et de détails. Que ce soient le design des personnages, les décors ou encore les scènes d’action, chaque page est un régal pour les yeux et on peut vraiment passer des heures à observer le travail de l’illustration.

Malgré des dessins très fouillés, l’action reste toujours lisible et les points de vue sont habilement choisis pour immerger le lecteur dans un univers tantôt féérique, tantôt menaçant.
Choisir les pages que j’allais prendre en photo pour cet article a été un véritable dilemme tant chaque tome déborde d’illustrations merveilleuses !

L’autre point fort de cette série selon moi réside dans la richesse de son scenario et de ses personnages. On pourrait s’attendre à une histoire de magie « classique » et à des personnages-types (le maître bienveillant, le mage noir, les élèves naïves…) mais Kamome Shirahama renouvelle le genre en insufflant beaucoup de subtilité dans tous les éléments de son récit. Chaque nouveau tome est l’occasion d’en apprendre plus sur le passé, les motivations et les failles de chacun des personnages. Rien n’est laissé au hasard et même certains protagonistes qui semblaient stéréotypés de prime abord se révèlent bien plus complexes par la suite.

Plus l’intrigue s’enrichit, plus on sent une réelle profondeur dans l’évolution des personnages comme dans le propos du manga. Le parallèle entre la magie et l’art est très intéressant et pertinent : à travers une histoire fantastique, la mangaka propose une réflexion sur sa propre pratique du dessin.

Enfin, j’aime le mélange toujours bien dosé entre l’ambiance joyeuse des scènes de vie à l’atelier et les passages plus sombres où les héros courent un réel danger. Des touches d’humour et des scènes d’une tendresse bouleversante parsèment également le manga, ce qui contribue à rendre les personnages de L’Atelier des Sorciers si attachants.

Petit bonus : on a appris récemment qu’une adaptation en anime du manga est en cours de production au Japon !

Voilà pour cette sélection de mangas ! Je suis vraiment contente de me plonger dans cette littérature si riche et variée, et j’ai hâte de partager ici mes prochaines découvertes 🙂

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